Ma première rencontre avec Eric a été des plus "classiques" : j'étais élève-maître à l'Ecole normale d'instituteurs, avenue de la Forêt Noire à Strasbourg dans les années soixante et lui un "pion" qui en imposait... autant par son autorité que...
par sa grande taille ! Ce qui en faisait d'ailleurs l'un des piliers et animateurs du SEC (aujourd'hui SUC ) handball... alors que moi j'étais volleyeur.
Ce n'est que quatre années plus tard, à l'issue de ma scolarité à l'Ecole Normale, lorsque je passais moi-même au statut de "pion" que nous avons réellement fait connaissance... et que nous
avons d'ailleurs constaté avoir des parents habitant le même village,
Monswiller, près de Saverne. Mais Eric restait tres attaché à son enfance à
Mittelhausbergen.
L'équipe de "pions" que nous formions dans les années 60 avec Jean-Claude
CHWARCIANEK, autre grand handballeur, Alain ANNEZER et Jean HAUBESNESTEL,
reste pour moi un souvenir fort. Marqué par ses sorties et d'interminables discussions
Chez Marcel (aujourd'hui les Bons copains), quai Finkwiller,
après le coucher de 22h pour ceux qui n'étaient pas de service de coucher à l'Ecole Normale.
Outre son activité de prof PEGC de sciences naturelles au collège Vauban voisin, Eric était sans cesse occupé par de multiples activités et rendez- vous mystérieux, d'où seuls filtraient des réflexions sur ses paris au PMU, sa passion pour le Racing (il avait toujours une info sur Gilbert
GRESS, Emile STAHL ou encore Raymond DOMENECH lorsqu'il était à Mulhouse) ou ses relations
fortes avec son ami/président du SEC handball Francis BRUN.
Eric adorait faire l'entremetteur. Pour toutes sortes de plans et de bons tuyaux. C'est par
son intermédiaire que j'ai trouvé, à l'été 70, mon premier job comme moniteur de plage à Argelès-sur-Mer,
au Club Tintin de Philippe BIETH (autre handballeur du SEC) !
En 1973, j'étais jeune père de famille, journaliste à l'Alsace - et toujours footballeur moi-même -,
et j'ai commencé à avoir des problèmes de gestion d'emploi du temps le
week-end, dans lequel s'inscrivait chaque dimanche soir à partir de 16h, l'émission radio de résultats sportifs
dans les locaux de FR3 Alsace où je secondais Christian DANIEL. J'ai proposé tout naturellement à Eric de prendre le
relais. Les premiers essais furent probants et il fut vite
"adopté" par Christian. Eric s'y est lancé corps et âme, pourrait-on dire. D'abord à la radio, puis à la télévision. Et ce fut réellement, je crois, la grande passion de sa vie .
Sa générosité, son enthousiasme, son sens de l'information, sa volonté de valoriser aussi bien les "grands" que les "petits" clubs de village
en ont fait rapidement l'un des animateurs les plus populaires de la station régionale.
La dernière image qui me reste, la plus significative de cette popularité régionale, est celle de ses obsèques, un jour du mois d'août. Cette église, toute proche de l'Ecole Normale et du Collège Vauban,
pleine, incapable d'accueillir cette foule de sportifs d'Alsace, jeunes et vieux, anonymes et connus, venus rendre un dernier hommage à leur "Eric de
France 3" .
Et aujourd'hui, avec le recul, je me dis que la disparition d'Eric, comme celle de Jean Marie
BOEHM, quelques années plus tard, a véritablement marqué la fin d'une époque de la télévision publique régionale.
Si par enchantement, je le retrouvais là, je lui dirais :
"Tu viens, on va au Racing ! Tu verras, ça a beaucoup changé..."
Propos
du 8 août 2013
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