Claude
EVRARD a vécu sa jeunesse à
Haguenau,
plus précisément rue des Voituriers (à l'arrière de la caserne
THUROT).
Il nous fait part de quelques anecdotes truculentes...
La rue des Voituriers longe l'arrière de la caserne Thurot (qui s'appelait auparavant
"Quartier Rondony"). C'est dire si mon enfance et ma jeunesse ont été marquées par la caserne !
1- Quand j'étais petit, mon père et ma mère travaillaient tous les deux
et avaient embauché une "bonne" pour aider aux tâches domestiques. A
cette époque, les "bonnes" étaient en général des jeunes filles de la campagne qui se "plaçaient" en
ville; la plupart du temps, elles étaient présentées par leurs parents.
Chez nous, le samedi soir, un soldat venait quelquefois sonner pour inviter
la jeune fille à aller danser. Mais mon père, responsable de la jeune mineure, refusait toujours avec sévérité
!
Déception du bidasse & pleurs de "la bonne" !
2- Le trafic dans la rue étant quasi inexistant à l'époque, on y jouait
donc au ballon dès que possible. Parfois le ballon tombait du côté du chemin de ronde de la caserne et j'allais le rechercher en escaladant les grandes
grilles ! Je me dis maintenant que c'était inconscient de ma part;
combien de fois aurais-je pu m'embrocher dessus ! J'ai eu de la chance !
3- Lors des événements d'Algérie, des chevaux de frise avaient été placés tout au long de ce chemin de ronde, avec des bergers allemands qui venaient aboyer férocement dès que quelqu'un passait
la nuit dans la rue. De plus, une sentinelle armée se déplaçait, PM à l'épaule... C'était
très impressionnant pour nous les enfants !
4- A la même époque, les militaires sortaient toutes les semaines pour aller manoeuvrer. Une colonne de chars précédée d'une jeep passait dans la rue et
je me rappelle comme la maison tremblait alors. Il faut signaler
également qu'avant la construction des immeubles Sibar, la rue était fort étroite.
Quelquefois la colonne de chars s'arrêtait et un militaire sonnait pour demander poliment à mon père de déplacer sa Traction, puis plus tard sa 403, afin que le convoi puisse passer. A force de circuler avec des véhicules lourds, la rue s'était un peu affaissée devant
les maisons. L'hiver, l'eau y stagnait puis gelait, nous offrant une magnifique
patinoire ! A la grande joie des jeunes, au désespoir des adultes !
5- Mais le clou, c'était lorsqu'un char tombait en panne et que le porte-char allait le chercher. Cet engin monstrueux (voir
détails ici
) était muni d'une sirène (modèle "policiers américains",
puisqu'il s'agissait d'un camion US). Le conducteur l'actionnait en prenant le tournant côté rue
de la Ferme Falck afin que la sentinelle ouvre la grille à l'autre extrémité de ma rue.
Evidemment tous les gamins du quartier étaient là !
6- Plus tard, ma chambre donnant sur la fenêtre à barreaux de l'armurerie/transmissions de l'autre côté de la rue, je discutais
souvent avec les bidasses de permanence qui attendaient patiemment que le
temps passe ! Nous parlions "radio" et ils arrivaient qu'ils me lancent par la fenêtre
des piles périmées... mais encore utiles pour mon transistor qui diffusait
alors "Salut Les Copains"... avec des piles "kaki" dans le
ventre !
7- Naturellement, côté ambiance sonore, nous pouvions bénéficier de la
"musique militaire" qui s'entraînait presque tous les jours dans la cour de la caserne.
8- Récemment un camarade m'a rappelé une autre anecdote : à côté de notre maison
se situait un terrain vague appartenant aux militaires (d'ailleurs partiellement exploité en jardins ouvriers pour les sous-officiers).
Nous allions y jouer et... y fumer en cachette, avec Gérard ou Roger, des P4 achetées au
bureau de tabac de la Redoute ("C'est pour mon père"... mais le buraliste n'était sans doute pas dupe).
Nous mettions nos cigarettes et les allumettes à l'abri dans un grand sureau. Mais un jour, en rentrant de l'école, catastrophe ! Un bulldozer avait tout rasé : la construction des immeubles Sibar venait de commencer...
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