PORTRAIT 

                                                                                             Expo Haguenau - 2007                                                                                      

 

Geneviève  BOUTRY

Une artiste,  virtuose de la photo

 

 

 

Toutes les photos de cette page sont soumises
 au copyright Geneviève Boutry / Netcomete

Carte d'identité :

 

 

Née le 24 septembre 1955 à Asnières

Habite à Strasbourg

Licenciée en Lettres modernes avec formation langue étrangère

Comédienne durant huit années entre Paris et l'Alsace.

Etudie la photographie à Bruxelles de 1985 à 1988. 

Artiste  reconnue, spécialisée en "photographies artistiques", primée à plusieurs reprises. Des expositions dans notre région mais aussi dans divers pays...

Deux ouvrages à son actif. Un troisième en cours...

Geneviève et notre ville :

Exposition "Métamorphoses", Salle Roger Corbeau à Haguenau, en janvier-février 2007

Travail avec "l'atelier-photo" du lycée Schuman à Haguenau (2006-2008)

 

SES EXPOSITIONS, SES PUBLICATIONS, LES PRIX OBTENUS 

 (années, thèmes, lieux et photos)

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QUESTIONS à GENEVIEVE

Votre toute première exposition a eu lieu en en Belgique. Comment vous est venue l'idée de prendre en photo les « dames-pipi » ? 
Cette grande originalité vous a permis de frapper fort, de vous démarquer et de prouver dès le départ que vous étiez capable d’aller loin. Comment avez-vous continué votre parcours ?

Les  « dames-pipi  » est le premier sujet de ma carrière photographique. J’ai découvert ces femmes à Bruxelles. C’était un  monde complètement étranger au mien et j’ai voulu le connaître. Ça a été ma descente aux enfers pendant deux ans, ma rentrée en photographie. Une expérience salutaire car pleine de vie et de vérité.

Après avoir passé deux ans dans les toilettes publiques, j’ai choisi de me mettre à la couleur par opposition au N&B des « dames-pipi ». J’ai commencé à faire des portraits mis en scène couleur avec des personnes rousses. Je les ai photographiées avec un animal. Je suis revenue à la mise en scène en choisissant décor-costume-lieu-lumière. Je me suis amusée à faire des images un peu surréalistes qui présentent des caractères bien campés. Le monde du théâtre est le lieu de tous les possibles. J’aurai pu continuer à faire toute ma vie des photos sur les roux et les rousses. Tout le monde m’y poussait. Le problème est que je ne peux pas faire deux fois la même chose. J’expérimente et je passe à autre chose. Je n’aime pas le système. C’est sclérosant, figé...

Comment vous vient l’inspiration (en-dehors des expositions collectives à sujet imposé)?
Chaque thème correspond-il à une période de changement, une recherche personnelle, un questionnement nouveau dans votre vie ?

Effectivement chaque thème correspond à une période de changement dans ma vie, une recherche personnelle. Aujourd’hui je suis plus dans l’abstrait.

J’ai eu différentes phases dans ma vie. Les « dames-pipi » sont mes premières recherches, ma rentrée en photographie, ma prise de conscience. Les « roux et les rousses » c’est ma passion du théâtre qui refait surface avec la mise en scène et l’élaboration d’une image. Les 4 autres thématiques qui suivent tels que « Mère et enfants », « Ophélies », « les rêves éveillés », « les étrangères au paradis » ont été faites avec la même technique du procédé croisé, avec ce souci de créer des images fortes, imposantes, apportées en partie par la saturation des couleurs et par le très grand contraste.

Comment qualifieriez-vous votre style  ? Ou les différentes phases depuis le début ?

Mon style est considéré comme baroque, riche et chargé de symboles. Assez théâtral suivant les thématiques abordées. Même si aujourd’hui je travaille sur un autre registre, on retrouve les mêmes aspirations et les mêmes préoccupations qu’au début : le miroir, la profondeur dans les formes et les couleurs, l’humain dans tous ses états, la quête de l’identité, la présence-absence du corps

Quelles sont les réactions du public, les phrases prononcées le plus souvent face à vos travaux ?

Les gens sont dithyrambiques face à mon travail. Ils adorent les couleurs vibrantes, vivantes, riches. En revanche, les N&B des «  Métamorphoses » sont considérées comme très dures. Des personnes n’arrivent pas à les regarder ; elles ont peur de voir l’inconnu, la souffrance ou l’état ultime de notre corps. Ils se raccrochent à la couleur !

Les mots utilisés par le public et que j’ai souvent entendus sont : "intensité", "c’est très fort". Mes photos les interrogent.

Avez-vous des périodes de creux entre chaque exposition ? Un sentiment de vide, une fois l’ouvrage achevé ?

J’ai de gros creux entre chaque série et je m’oblige à être très rapide pour ne pas laisser le temps filer et m’éloigner de ce que je veux appréhender. Alors je travaille et je ne veux plus faire que ça. Quand je suis dedans c’est un grand soulagement.

Quand l’histoire est finie c’est comme un tournage, ou une pièce de théâtre. On doit réussir à bénéficier de ce qui vient de nous arriver sinon on se retrouve toujours dans le même sentiment de vide. Mais on recommence toujours !

Vous travaillé seule en général ?

Je travaille toujours seule. Je n’ai pas d’agent et pas de galerie. Pas encore… ça ne s’est pas encore fait…Les médias connaissent mon travail et me suivent au fil des années.

Métamorphoses...  Votre dernière exposition à Haguenau... Ce thème, si j’ai bien saisi, a été créé en  trois épisodes avec des travaux différents à chaque fois… Un peu comme une mue qui se serait déroulée en 3 cycles… Comment vous est venue cette idée ? Dans cette exposition, le travail photographique subit un grand changement… On y perçoit à la fois les couleurs joyeuses d’un Carnaval de Venise, des tissus soyeux, des visages flous, mais aussi des corps déformés, et toutes ces photos qui se rapprochent plus de l’art pictural reflètent des âmes, des fantômes qui ce seraient greffés dans l’objectif… Est-ce un jeu avec un miroir ou beaucoup plus que ça, par exemple une angoisse par rapport au temps ?

Les « Métamorphoses » ont été effectivement travaillés en trois mouvements, trois séries entre 2003-2006. Il  fallait aller « au-delà du réel », traverser le miroir pour aller plus loin dans ma recherche, montrer à la fois un monde onirique à travers des corps magnifiés et en même temps montrer des corps fracturés jusqu’à extinction de la matière : montrer les 2 aspects.

Métamorphoses... Si vous aviez à résumer l’inspiration, le travail, le résultat en une dizaine de  mots...

La vie dans tous ses états : exaltation - profondeur - néant - Recherche de la matière, de la beauté, sans complaisance. L’intrigue, le mystère - le doute - le manque sont moteurs de ces recherches.

Qui a posé pour les diverses photos ?

Mes amis, ma famille, les amis d’amis, mes rencontres, des inconnus, mais surtout mes "très proches" qui connaissent mes besoins et ma nécessité d’avoir des modèles.

Combien d’essais, de temps pour aboutir à une seule œuvre  qui vous convienne ?

Ça dépend des séries. En ce qui concerne la 1ère série des Métamorphoses le travail s’est fait d’un seul jet. J’ai mis du temps a trouvé ma technique et quand j’ai trouvé le miroir, les photos se sont faites en 2-3 mois. En général je fais une série par an.

Sinon pour créer une image une fois que tous les éléments sont rassemblés, j’ai besoin d’une après-midi, d’une journée.

Gauguin  dans sa correspondance, précisait qu’il souhaitait que les critiques se placent d’abord devant ses tableaux et captent une émotion avant de juger, de poser des mots et d’intellectualiser… N’est-ce pas ça l’art : savoir faire passer une émotion  quelle que soit la manière ?

Une oeuvre parle d’elle-même, elle suggère, apporte une idée, un message. L’émotion qui s’en dégage est le fruit de la recherche et c’est ce qui nous fait vibrer ou non quelle que soit l’œuvre.

Avant d’habiter à Strasbourg, où viviez vous ? Comment êtes-vous arrivée dans notre région ? Comment vous est venue l’envie d’y travailler ?

Les dix premières années de ma vie je les ai passées en Normandie. Puis nous sommes partis habiter en Alsace et depuis je ne l’ai pas quittée (ma mère est alsacienne). J’ai beaucoup voyagé et suis partie pour des études et le travail photographique mais ma résidence première est toujours restée l’Alsace.

Déjà deux expositions à Haguenau, mais aussi des séances de lecture du parcours avec textes, musique et une comédienne. Comment s’est fait le choix de notre ville ?

J’expose beaucoup en Alsace. En 2004-2005 j’ai fait une tournée alsacienne avec mon exposition sur « le minéral et le végétal dans le désert australien » dont Haguenau. Je connaissais déjà le théâtre et le dynamisme de cette ville. Quant aux lectures inscrites dans le parcours littéraire et théâtral des lieux insolites, elles étaient tout à fait appropriés avec le thème des MÉTAMORPHOSES . Ça a donné une autre lecture aux photos.

Vous vivez de votre art. Vous donnez également des cours ? Vous vendez vos œuvres ?

Ce ne sont pas vraiment des cours que je donne. Ce sont des interventions artistiques : une approche de mon travail. Oui, je vends mes œuvres et mes livres.

Chez vous, il y a des photos partout ?

Il y a des photos chez moi, oui, mais aussi des peintures !

A force de faire des photos, a-t-on tendance à voir les personnes, les choses sous un autre angle ?

C’est ma recherche qui m’accapare. Quand je suis en ville ou à la campagne mon œil est accaparé tout à coup par une lumière spéciale ou un espace qui pourrait me convenir … une personne, une attitude …finalement la vie est mise en exercice... si on peut dire ça comme ça !

Quel a été votre parcours scolaire ?

J’ai fait mes études à Strasbourg et une fac de lettres à Strasbourg également. Après ma licence en lettres j’ai continué le théâtre et l'ai pratiqué en tant que comédienne pendant 8 ans entre Paris et l’Alsace. C’est seulement à 30 ans que j’ai commencé la photographie : un pur hasard !

Si vous n’aviez pas eu la possibilité d’une formation-photo, vous n’auriez peut-être pas eu ce déclic comme une évidence qui s’imposait et qui s’est vite transformée en passion fulgurante ?  Qu’auriez-vous choisi comme autre métier ?

Vous savez mon déclic photographique est hors du commun…Il s’est fait alors que je ne m’y attendais pas du tout et le destin en a décidé... L’anecdote veut que j’accompagnais ma cousine à Bruxelles pour son inscription dans une école d’art graphique. La secrétaire lui demande si elle veut s’inscrire en photo et au mot "photo" j’ai eu le déclic, le flash... je lui ai demandé de m’inscrire ! La photo s’est imposée à moi.

Si je n’avais pas fait de photo je serai certainement encore comédienne... ou peut-être dans un pays lointain à enseigner la langue française…

Quels ont été vos contacts avec l’art en général durant votre enfance et adolescence ?
Vous faisiez du théâtre, cela vous manque-t-il ?

Ma mère était une grande artiste. Elle a pu nous transmettre à nous, ses 9 enfants,  l’amour du jeu, du théâtre. Elle était fantaisiste, elle adorait rire et nous racontait plein d’histoires. Elle était styliste, avait fait les arts décoratifs de Strasbourg et nous faisait les plus belles robes de toutes les soirées. Avec un rien elle savait faire des miracles !

Parfois le théâtre me manque mais on ne peut pas tout faire !

Vos artistes préférés ? Quel que soit le domaine…

J’aime la peinture symboliste, les préraphaélites
Parmi les
photographes j’aime  : Colin Gray, Diane Arbus, Witkin, William Klein, Faucon

Quels sont vos contacts avec les autres artistes photographes ? Vous êtes membre d'une association ? Quels sont les rapports entre vous ?

Je suis très solitaire dans mon travail. Mais je suis, depuis 12 ans déjà, dans  l’association de photographes « Chambre à part ». Nous sommes tous très différents et c’est ce qui fait la richesse de ce groupe. Nous recevons beaucoup d’expositions de photographes français et de l’étranger. Notre galerie « La chambre » est toujours plus vivante d’échanges, c’est un vivier pour qui aime l’image et la partager.

Pensez-vous pratiquer un jour une autre forme artistique : peinture, sculpture ?

Non la photographie est ce qui me passionne mais il est vrai que depuis quelques temps j’ai très envie de passer à la vidéo...

Vous avez souvenir de la première fois où  vous avez pris une photo ?

Mes premiers vrais clichés datent des « Dames-Pipi » dans l’année de mes 30 ans, quand j’ai découvert la photographie.

Vous avez entamé une travail en 2006, avec des lycéens du lycée Schuman à Haguenau qui ont choisi "option-photos", avec le soutien de Marie-France Steinmetz, professeur et artiste-peintre haguenovienne et d'Aurélien Brotons, professeur et photographe : comment se déroulent les séances ?  Vous prévoyez une exposition ?

C’est la première fois que je travaille avec le lycée Schuman. Les élèves qui participent aux journées photographiques sont des passionnés. Ils réfléchissent à l’image, au cadrage et au choix de la mise en scène. Il y a tout un travail d’imagination. Ils se concertent pour amener des éléments et construire des images cohérentes. On fait les repérages ensemble et après ce n’est plus moi qui décide...

C’est encore un peut tôt pour parler de l’exposition mais je pense que le travail va s’inscrire dans le temps peut être même que nous allons pousser l’expérience jusqu’en 2008...


A deux pas du Gros-Chêne...

Avez-vous d’autres hobbies ?

Je suis une écologiste militante à ma manière. J’ai cette conscience très poussée de ce que représente la nature et je la respecte profondément. Je vais participer à ma façon en la présentant sous une forme très ludique. Un livre va sortir cette année 2007 et s’intitulera « Petits mondes de la forêt ». Je suis très heureuse de faire ce livre avec les textes de Pierre Rabhi, un agro-écologiste reconnu comme expert international pour la sécurité alimentaire et la lutte contre la désertification dans le monde. Auteur de nombreux ouvrages, conférencier,  il est fondateur-créateur de nombreuses structures tels que « Terre et Humanisme », « Conscience et environnement ».  J’ai réalisé les photos avec Marie-Anne Mouton, peintre, avec qui j’ai parcouru les forêts avec le même bonheur et le même enthousiasme. Ce sont des petits mondes au pied des arbres, des cabanes, des univers de liliputiens, on ne sait pas si on est dans le petit ou le grand.

Un jour sans photo : sans en prendre ou sans y penser… Est-ce envisageable pour vous ?

Difficilement. Mais quand j’ai décidé que je ne ferai pas de photo, ce sont alors des vraies grandes vacances !

Le choix de vos vacances se fait-il en fonction des projets artistiques?  

Exactement je prends rarement des vacances. Je suis toujours à faire des projets artistiques et en général là où je vais est toujours lié à un travail.

Vos qualités et vos défauts selon vous !

Je suis patiente, généreuse, sincère et passionnée (si ce n’est pas un défaut..)

Parfois insatisfaite, impulsive, téméraire

Craintes pour l’avenir et espoirs…

Les craintes sont de l’ordre écologique. Comment allons-nous nous sortir de ce problème d’effet de serre et si ce n’était que ça... Je ne voudrais pas être pessimiste... A côté de ça une conscience s’élève.

Vous avez beaucoup travaillé avec la nature… Comment résumeriez-vous votre rapport à la forêt ?

Mon rapport à la forêt est très fort. C’est l’endroit où je me sens le mieux. J’y respire enfin correctement et si ça ne tenait qu’à moi j’habiterai bien les montagnes, l’altitude.

Quels sont vos nouveaux projets : thème, style, expo… après « Métamorphoses » ?

Je suis entrain de travailler sur « les étoiles filantes » que je présenterai en septembre prochain à la Galerie « La chambre » à Strasbourg. Ce sont les personnages qui filent très vite et qui se fondent dans le ciel. Série qui surgit de l’ombre et du lointain.

Par ailleurs, je cherche des roux et des rousses car je suis entrain de réaliser une série de portraits mis en scène avec animaux dans la perspective de faire un livre. C’est un travail que j’ai réalisé il y a plus de 10 ans et qu'il me tient à cœur de reprendre aujourd’hui afin d’en faire un livre.

Votre dernier ouvrage est disponible  en librairie et dans les sites de vente en ligne...

Oui,  METAMORPHOSES (édition petites vagues). Le prochain sortira dans quelques mois : PETITS MONDES DE LA FORÊT chez le même éditeur.

Si on vous demandait des photos sur le thème de l’Invisible, quelles seraient vos premières idées (image, technique…) ?

Je suis déjà entrain de travailler sur l’invisible. LES ÉTOILES FILANTES est de cet ordre là. Je suis complètement dedans car l’autre volet de cette série est encore plus abstraite. C'est ce que je peux en dire pour le moment...

Geneviève et la photo vivent en symbiose, 
pour le plus grand régal de nos yeux et de nos émotions...

Merci à Geneviève pour sa bonne humeur, son sourire et sa  grande gentillesse...

Depuis mars 2007  : - Exposition "Etoiles Filantes" à Strasbourg (Galerie la Chambre / 21septembre-7 octobre 200)
- Publication Petits mondes de la forêt  avec Marie-Anne Mouton et textes de Pierre Rabhi - Editions petites vagues

Avril 2008 : Exposition "Théâtralisation du corps" en collaboration avec des lycéens  - à Haguenau. Voir détails ICI

Page expositions, livres, photos, palmarès / G. Boutry : CLIQUEZ ICI

Contact Geneviève Boutry  : rouxetrousses@netcourrier.com

Son  site : www.genevieveboutry.fr

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