PORTRAIT 

 

                                                                                    3e trimestre 2008                                                                                     

 

Marie-France  GENOCHIO-STEINMETZ

A la rencontre d'une enseignante-artiste haguenovienne
 qui sait allier dons polyvalents, motivation et actions, conviction et passion
 avec empathie et ouverture d'esprit

 

 

 

Toutes les photos de cette page
 sont soumises
 au copyright
 Marie-France Genochio-Steinmetz / Netcomete

Carte d'identité 

 

Née le 14 janvier 1960  à Metz

Habite à HAGUENAU

Licence, CAPES et AGREGATION
en Arts Plastiques à l'Université de Strasbourg

De nombreuses années de judo, gymnastique, handball, volley...
Férue de nature et de voyages

Artiste peintre

Photographe

Professeur au Lycée Robert Schuman et à l'IUT de Haguenau

Pendant de nombreuses années : 
- formatrice en didactique des arts plastiques et en infographie,
 - responsable de groupes de recherches 
en didactique des arts plastiques puis en infographie,
- membre du groupe de recherche national en nouvelles technologies au Ministère de l’Education Nationale,
- chargée de mission à l’Action Culturelle au Rectorat de Strasbourg.

Instigatrice de nombreuses expositions, collaborations
 et publications artistiques

Adjointe au Maire Jeunesse et Sports (Haguenau) depuis avril 2008

Une fille (licenciée STAPS / Passionnée d'animation et de chevaux)

 

INTERVIEW
MARIE-FRANCE GENOCHIO-STEINMETZ

Par quel biais êtes-vous entrée dans le monde artistique ?

A vrai dire, je me suis toujours sentie "plasticienne". J'ai l'impression d'avoir toujours dessiné, toujours sculpté. Petite, j'habitais un village de Lorraine, Lorry-Mardigny, et je savais à peine marcher, que je filais dans le jardin, me baissais pour ramasser la terre fine que laissaient les escargots  après leur passage. Le sol étant glaiseux, je modelais alors cette substance pour en confectionner des personnages de toutes sortes !
Mes parents ont toujours laissé libre cours à mon imagination et, tout en étant exigeants pour mes études, ils étaient très ouverts et d'un grand soutien. Le milieu familial a hautement contribué à mon attirance vers l'art. Mon père était menuisier, je l'ai toujours vu fabriquer, concevoir à partir du bois. Quant à ma mère, elle m'a permis de m'ouvrir vers la fantaisie et l'imagination, tout en ayant un savoir-faire hors-pair; elle donnait des cours de travaux manuels et de couture à l'école primaire, mais à la maison elle tenait aussi un rôle de "styliste de la famille". Mes soeurs et moi avions toujours droit à de beaux vêtements, qui sortaient de la norme classique et que ma mère élaborait et cousait avec amour. De plus, elle adorait les plantes, même les plus rares à l’époque comme les plantes carnivores ! La maison et le jardin étaient emplis de fleurs aux couleurs et aux senteurs les plus variées ! 
Ma grand-mère paternelle,
Marie Genochio, voyageait souvent malgré son âge, et elle me rapportait à chaque fois des livres sur l'Art antique; j'ai découvert très tôt et avec joie, les beautés de Rome, de Pompéi... C’est d’ailleurs elle qui m’a offert ma première sculpture africaine !

Beaucoup de détails me reviennent encore ! Par exemple mon attirance pour les pierres : elle est née dans la colline derrière la maison; là-bas sur la côte de Lorry se trouve une carrière dans laquelle je récoltais des fossiles que je gardais précieusement et dont  j'admirais sans cesse les formes. Aujourd’hui, c’est une "pelouse calcaire" qu’une de mes amies du village a mis en valeur sur un site internet (http://www.lorry-mardigny-patrimoine.fr/Pelouses_accueil.html) sous l’égide du Conservatoire des Sites Lorrains. La végétation y est très riche : orchidées rares, ellébores, anémones… Que de formes et de couleurs pour éveiller la curiosité et l’imagination d’un enfant ! Notre maison familiale se situe dans les dépendances du château du village (visible sous http://www.ac-nancy-metz.fr/ia57/ecolesdescoteselementaire/cm1_fichiers/lm_2v/lm_2v.htm)! 
Les fenêtres de ma chambre donnaient sur sa façade et son parc... De ce
château, inoccupé durant mon enfance, j’ai de nombreux souvenirs : des carnavals avec les enfants du village, l'exploration de tous les recoins ! Les fresques de l’église romane (XIIe-XIIIe siècle / voir http://www.lorry-mardigny-patrimoine.fr/architecture/peintures-murales.html) de mon village ont aussi été  pour moi un lieu de découverte artistique et de références. Que d’heures passées à les contempler, à les décrypter ! Cela m’a beaucoup servi plus tard en cours d’iconographie à la fac.

Tous les week-ends, la famille se mettait en route à la découverte des charmes d'autres bâtiments médiévaux ! L'été nous allions toujours en vacances plus loin. Pour l'anecdote, j'évoque ici un séjour à Capbreton, où j'ai ramassé des pierres et des coquillages, les uns plus beaux que les autres à mes yeux... Un fermier m'avait offert un grand tournesol avec le pied (chez nous il n'y en avait pas encore) ; pour revenir à la maison, il fallait que nous rentrions tous les six dans une 4L, ma mère enceinte, les bagages sur le toit, mes cailloux dont j'ai dû laisser une partie sur place à mon grand dépit... Le problème du grand tournesol avec sa longue tige se posait... J'ai fait des pieds et des mains pour qu'on l'emporte avec nous... Et ce "trésor" a effectivement "eu l'honneur" de faire le voyage du retour avec nous ! Ah oui ! cette fleur représentait à la fois l'attrait pour les belles choses, et pour le monde végétal. Il faut dire que très jeune, mon père m'emmenait cueillir des champignons sur la côte de Lorry et me racontait les plantes, leurs noms, leurs propriétés. D'ailleurs chez nous, le jardin était productif, mais toujours 100 % bio. Mon père possédait même sa propre vigne derrière la maison, cultivée sans aucun traitement synthétique. Lorsque nous étions malades, ma mère nous soignait grâce aux plantes; elle nous avait aussi offert des  livres avec des recettes de maquillage naturel : mes soeurs et moi nous amusions souvent à mélanger certaines fleurs avec la terre argileuse pour nous maquiller, jouer avec les couleurs et faire des masques de beauté ! D'ailleurs, ces ouvrages nous les avons encore ! Les livres ne manquaient pas à la maison, notre mère nous a aussi donné le goût de la lecture. 

Mise à part l'épreuve très douloureuse du décès prématuré de mon frère et de ma grand-mère, ma jeunesse fut très heureuse...  Je pouvais découvrir beaucoup de choses, apprendre, agir. De plus, physiquement je me sentais bien aussi : les longues marches du week-end, les balades en forêt avec mon père et le club de Judo que j'ai fréquenté durant neuf années, et ce dès 6 ans (il fallait grimper une côte de 3 km pour s'y rendre !) Corpore sano in corpore sanum !

Là je vais aussi évoquer mon instituteur, M. Felly, celui que j'ai eu de la section de maternelle au CM2; l'école comportait une classe unique ! Bien que l'art ne l'intéressait pas particulièrement, il a favorisé l'autonomie. Lorsque j'avais fini un travail plus tôt, j'avais le droit d'écrire pour le Journal de la classe. J'étais d'ailleurs la "rédactrice" attitrée. J'illustrais, j'écrivais de la poésie parfois, et beaucoup de prose. J'avais le droit de disserter librement. Souvent je commentais et décrivais les paysages, les sorties, les pierres que je trouvais. Ou par exemple les paysans que j'avais vus en train de  rentrer le foin sous l'orage... Tâche pénible pour eux, mais que je voyais sous un oeil romantique... Romantisme que j'ai pu retrouver ensuite dans les tableaux de certains artistes, et qui me parlaient forcément ! 
Comme vous le constatez, j'ai eu le privilège de baigner très tôt dans le monde de l'art allié à la nature.

Au courant de votre adolescence, comment avez-vous pu concrétiser cette sensibilité, comment avez-vous pu faire grandir cet attrait, cette aptitude artistique ?

L'entrée au Collège, à Marly, à une vingtaine de kilomètres de la maison, a été une révélation... Disons  plutôt le professeur d’arts plastiques, M. Anzack. En cinquième, c'est mon premier cours d'arts plastiques, le premier travail qu'il demande à la classe c'est de peindre un paysage. J'ai 12 ans, suis fière de mes feuilles de dessins et de ma nouvelle boîte de gouaches, et inspirée par le sujet, je me mets au travail le soir-même à la maison. Le professeur est impressionné par ma façon de peindre, ma gestuelle, le choix des couleurs, les proportions. Au final, il compare ma première peinture à la gouache à du Courbet ! 

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Du coup, pour le travail suivant j'ai droit à une grande feuille (1,50m X 1,50m) sur laquelle il s'agit de peindre un château. Bien entendu, le sujet m'inspire à nouveau et je me surprends moi-même ! Je ne pensais pas être capable de peindre comme cela. Pour le troisième travail, le professeur me montre carrément comment monter une toile sur châssis et je dois effectuer une "marine", avec cette fois-ci de la peinture à l'huile. Quel privilège pour moi !  Il explique à mes parents que je suis exceptionnellement douée. Sur ce, ma mère m'achète de la peinture à l'huile et mon père me fabrique un chevalet... Je peux continuer à peindre. Ma chambre qui était déjà un véritable musée de minéraux, se transforme en atelier de peinture ! D'ailleurs, à cette époque, durant certains week-ends ou durant les vacances, je m'installe avec mon chevalet à la campagne ou au bord de la Moselle ; pendant que certains font la fête, je peins et c'est du bonheur pour moi. La soeur de mon père, qui est aussi ma marraine, suit régulièrement mon travail, elle est pleine d'admiration, de mots encourageants; suite à ça, elle s'est aussi mise à peindre avec succès.

Autre passion à l'époque : le sport. Dans le même collège, le professeur d'Education Physique et Sportive, M. Jolly, est aussi très motivant et encourageant. Tout en poursuivant au Club de Judo, je m'inscris donc à l’ASSU pour les matchs de handball et de volley inter-collèges, la gymnastique, l'athlétisme...

Et un jour, ma grand-mère m'offre un nouveau livre : les Impressionnistes. J'en suis très marquée, positivement ! C'est le coup de coeur ! Et je commence à peindre différemment, par touches de lumière...
 

Vous voilà donc sur la pente ascendante, votre objectif paraît se dessiner nettement... Le monde  artistique... 
Vous dirigez vos études dans ce sens ?

Eh bien les événements font qu'il y a un break. En fait, mes parents ont toujours soutenu mon penchant pour l'art et mes activités sportives, mais ils souhaitent que je trouve la voie pour mon futur métier... Pour eux, l'art doit rester un hobby, ne peut mener à un job sérieux. Je passe mon BEPC, et me voilà  - mal - orientée vers une prépa à l'école d'infirmières (à l'époque après la 3e) au lycée Poncelet de Saint-Avold. J'admire le travail des infirmiers - infirmières et j'ai beaucoup de respect pour ce métier. Mais franchement, je suis alors incapable de me sentir bien dans cette formation. La théorie, les matières scientifiques, pas de problèmes... Par contre, je fais un stage dans un service hospitalier, parle à des malades qui vont très mal, et à cette même période, ma grand-mère adorée est très malade ! J'ai de grands malaises, c'est très dur pour moi ! Je sens bien que je ne suis pas faite pour ça, c'est une réelle épreuve, je suis bouleversée, je ne peux plus manger, je perds du poids... Bref, cela ne me correspond pas vraiment. Par chance, j'ai un professeur de français et une surveillante générale qui aiment l'Art et qui m'aident  à "remonter la pente"; elles me permettent de monter ma première exposition artistique à Saint-Avold. Voilà un souvenir magnifique !
Il faut que je trouve une solution pour mes études, que je me réoriente. L'enseignement me tente de plus en plus. J'hésite entre le sport et l'art. Je prends une décision. Je confie finalement à ma grand-mère - la fameuse qui me rapportait les livres sur l'Art -  que je veux absolument passer des Concours d'entrée pour des Ecoles d'Arts Appliqués... Ma grand-mère est la seule de la famille qui sait qu'un matin, au lieu d'aller au lycée, je prends le train pour Roubaix... En effet, je m'inscris au concours d'entrée de l'Ecole Nationale Supérieure en Arts Appliqués et Textile qui dure deux jours à Roubaix. Je rentre et repars pour Lyon; cette fois mes parents sont avertis et espèrent que tout se déroule au mieux.

Résultats en fin d'année : j'ai réussi les deux concours, je suis acceptée dans les deux écoles ! Je choisis  Roubaix, au feeling : une impression chaleureuse ! Je trouve la bâtisse plus avenante et l'ambiance générale plus conviviale. Choix que je ne regrette pas, car j'ai rarement vécu de telles relations positives lors de mes études. Et c'est d'ailleurs cet état d'esprit que j'essaye encore et toujours de retrouver, sinon d'insuffler, dans les divers endroits où je travaille. C'est d'une importance capitale !

Quelques détails sur ces années passées dans le Nord ? 

Après avoir consulté mon oncle et ma tante, architectes et professeurs aux Beaux-Arts à Metz, mes parents me donnent leur bénédiction mais à condition que je ne me plaigne jamais, et que je fasse mes preuves, c'est-à-dire que je sois toujours en tête de classe ! Je suis si heureuse d'être dans cette école que je me donne à fond dans tout. Je m'initie à la photo d'art et à la sculpture, des disciplines qui me plaisent beaucoup, et ces deux professeurs, M. Droulet et M. Debève sont passionnants et m’encouragent énormément. Toutes les matières me passionnent d’ailleurs, j’ai une grande soif d’apprendre et le désir d'aller toujours plus loin. Les cours d’histoire de l’art me donnent de plus en plus envie de découvrir les musées. La formation à l’ENSAAT est exemplaire, très technique et professionnelle, j’y apprends toutes les bases. Les contacts avec nos professeurs sont  très chaleureux, une ambiance que j’essaie, encore aujourd’hui, de transmettre dans mes classes. Les week-ends je suis  invitée à les passer dans d'autres familles très accueillantes, surtout chez les parents de mon amie Belette Karputa avec qui j’ai encore de très bons contacts. Je m'adonne alors aussi beaucoup au volley, à la natation mais aussi à l’expression corporelle, la relaxation qui me permettent de trouver un bon équilibre mental et physique.

La dernière année à Roubaix, fini l’internat ! Je prends une chambre dans une grande maison où logent huit autres étudiants de L’ENSAAT. La vie en communauté n’est pas facile mais que de bons moments passés ensemble ! Ces trois années dans le Nord me permettent d’être très autonome, je ne rentre dans ma famille qu’aux petites vacances et l’été - dès l’âge de 14 ans - je suis monitrice de centres aérés, de colonies mais ce sont les camps d’adolescents qui m’ont confirmé ma vocation d’enseignante.

Arrive la Terminale avec l'examen final : Je le réussis avec mention Très Bien
Me voici munie d'un  Brevet de technicienne en Communication Visuelle - option Arts Graphiques
. Après un mois à Briançon, où j'encadre un camp itinérant, je pars sac au dos avec peu d’argent en poche, rejoindre deux copines pour sillonner l’Italie : Florence, Sienne, Rome, la Calabre… L’architecture et les musées m’enchantent, c’est le pays de mes ancêtres ! Je suis très attachée à l'Italie !


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(album en deux parties)


Le diplôme en poche, que prenez-vous comme décision, comme direction ?

En fait, j'ai bien envie de faire le tour de diverses régions... A commencer par l'Alsace... Je choisis Strasbourg, car la faculté d'arts plastiques y était mieux cotée qu'ailleurs. J'en suis convaincue : je veux être professeur d’arts plastiques.
Je rencontre Claude Steinmetz avec qui je partage alors ma vie et avec lequel nous allons avoir une fille. Nous sommes encore bien jeunes (20 et 21 ans), nous voulons continuer nos études tout en nous occupant d'Aurélie. "Le tour des régions et voyager dans le monde" est mis de côté en attendant, et je crée une boîte en free-lance "MF Grafic" de 1980 à 1988, je propose des services en arts graphiques et en architecture. Vous pouvez imaginer que les week-ends sont bien remplis... et l'ordinateur n'est pas encore un outil de travail. Je n'ai pas l'occasion de faire souvent la fête ! Mais je me sens très épanouie entre toutes mes activités et ma toute nouvelle vie de famille à Strasbourg.

Comment terminez-vous ces années de faculté ?

Après le DEUG et la licence en arts plastiques, j'obtiens le CAPES en arts plastiques du premier coup ! Nous sommes en 1985.

Votre envie d'enseigner se concrétise-t-elle rapidement ?

En fait oui ! Je continue encore "MF Grafic" durant trois années et je suis en CPR (Centre pédagogique régional), professeur-stagiaire au collège de Soufflenheim. Dès le départ, j'ai de bons contacts avec les élèves, je suis très motivée, pleine de projets originaux. D'ailleurs je me souviens encore des décors de théâtre que nous avons élaborés pour une pièce de Michel Tournier montée par une collègue de français.

Puis vous êtes titularisée... en 1986...

Oui, je deviens professeur titulaire mais d'abord sans poste fixe. Je suis nommée alors au Collège de Cronenbourg, en ZEP (Zone d'éducation prioritaire). Je ne dis pas qu'il n'y avait pas d'incivilités (j'ai eu droit à une menace par couteau en comité d'accueil, mais cela ne concernait qu'un élève qui s'est d'ailleurs vite calmé et qui a même pleuré lorsque je suis partie du collège), mais sincèrement j'ai adoré cette année là-bas. D'abord les collègues étaient très sympathiques et ouverts et j'ai mis tant de beaux projets sur pieds avec les diverses classes. Oui j'avais 550 élèves en tout, en cours d’arts plastiques. J'ai initié des élèves de 4e au stylisme et nous avons monté le premier défilé de mode du collège; imaginez leur motivation ! et pas que de la part des filles; même les jeunes de la section SEGPA que je n'avais pas en cours ont demandé à y participer activement ! Nous avons également aménagé une salle pour exposer des oeuvres prêtées par le FRAC; ce qui a permis aux adolescents de s'ouvrir véritablement à l’art contemporain. Je me souviens aussi avec émotion du projet pédagogique "L'intime et la fureur" : là j’ai travaillé avec d'autres enseignants, de langues, de français, de mathématiques, de technologies, bref un travail en interdisciplinarité. Quel enrichissement et motivation pour nos élèves ! Le tout a abouti à une présentation théâtrale dirigée par Daniel Boch. A noter aussi l'idée concrétisée de peinture sur mobylettes.  Projet original que la Principale craignait au départ mais auxquels les collégiens ont adhéré à 100 % ! Et j'en passe. Il reste encore des traces de quelques travaux, des décors, des toiles peintes par mes élèves, dans la salle de la restauration scolaire et dans l'entrée du collège.
Malheureusement pour moi, le poste est attribué à une enseignante qui avait plus d'ancienneté. Je soumets alors à l'Inspecteur (IPR) une demande qui correspond à une aspiration de toujours : celle d'enseigner à des élèves plus âgés, en lycée.

Votre voeu est-il réalisé ?

L'Inspecteur et le Rectorat, ayant d'excellents rapports sur mon travail, me proposent un poste au Lycée Robert Schuman de Haguenau, pour une année en tant que titulaire académique. Le défi à relever est de trouver au lycée environ 250 élèves, dix classes, qui suivraient les arts plastiques en option facultative. Il faut donc recruter, faire de la pub, mettre des affiches, discuter, convaincre, motiver... C'est ce que je fais... Et ça marche ! Le quota est atteint ! Je commence donc ma première année à Haguenau. Nous sommes en 1987... Il y a plus de vingt déjà !
Dès le départ, j'essaye de motiver mes élèves, je veux qu'ils vivent un lien direct avec les œuvres et qu'ils rencontrent également des artistes. Par exemple la première année, nous avons  travaillé avec un sculpteur et fait du modelage avec la terre de Soufflenheim. Puis le défi fut de découvrir, en association avec le professeur de philosophie, des hauts lieux de cultures - artistique, philosophique et historique -, d'où un voyage à Florence, Sienne et San Gimigliano; au retour chacun avait un morceau de marbre de Carrare à sculpter. Quelle motivation ! Dès lors tous les ans, j’organise des voyages scolaires pour faire découvrir à mes élèves la richesse des musées et sites artistiques des capitales européennes; en 1999 nous sommes même allés à New-York. Je veux partager avec eux ma passion pour l’histoire de l’art et les encourager à voyager. Vivre dans d’autres lieux, rencontrer d’autres cultures, d’autres gens, c’est toujours enrichissant ! J’ai voyagé mais pas encore assez ! J’ai fait presque toute l’Europe (sauf l’Irlande) dont l’Europe de l’Est, la Tunisie, le Maroc, l’Egypte, la Tanzanie, la Réunion, l’Ile Maurice, la Thaïlande, le Vietnam, le Cambodge, les Antilles…
 

PHOTOS DE PAYSAGES 
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 PORTRAITS 
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Personnellement, à chaque retour de voyage, je suis pleine d’énergie, j’ai envie d’ajouter ceci ou cela dans ma maison et dans mon jardin.... Le jardin c'est aussi une de mes grandes passions, j'ai conçu le mien à partir de 1991 et tous les ans je le modifie, j'y implante de nouvelles plantes, c'est un réel plaisir... J'adore déambuler dans mon jardin et écouter la nature évoluer au fil des saisons !


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Vous enseignez, élaborez plein de projets, tout en continuant à créer vos propres tableaux en tant qu'artiste...

En réalité je suis sollicitée pour bien d'autres tâches encore : en tant que formatrice en didactique des arts plastiques et en infographie à l'IUFM pour les Capésiens arts plastiques deuxième année, dès 1988. Dès 1989, je forme aussi les professeurs en infographie et en histoire de l'art  dans le cadre de la MAFPEN. De 1989 à l'an 2000, je me rends à Paris régulièrement en tant que membre du groupe national de recherche en infographie au Ministère de l'Education Nationale. Durant trois années je suis responsable d'un groupe de recherche en didactique des arts plastiques puis infographie au niveau académique. Durant neuf années, je suis missionnée au Rectorat à la cellule "Action Culturelle" pour monter des projets au niveau académique, en arts plastiques et en nouvelles technologies. Pas le temps de m'ennuyer !

A cela se rajoutent des conférences qu'on me propose de faire devant un public de professionnels. Encore récemment, en juillet, à Arles, devant 300 personnes issues des métiers de la photo, de l’enseignement artistique et de la communication. C'est toujours un plaisir de pouvoir donner de soi, d'éclairer, d'instruire, de signaler d'autres pistes de travail; puis d'échanger des idées par après.

Effectivement ! Et au niveau du lycée, c'est donc le début d'une longue aventure passionnante avec les jeunes Haguenoviens ?

Tout en étant au lycée Robert Schuman, j’enseigne aussi à partir de 1989 en collège à Eckbolsheim, à Souffelweyersheim puis au collège Foch de Haguenau. En 1991, je quitte Strasbourg pour habiter désormais à Haguenau, une ville très agréable où tout est proche entre autre pour ma fille qui est férue de sports. C'est l'année où j'ai le projet de créer une section "Lettres et Arts plastiques" au LEGT de Haguenau (coefficient 6 au baccalauréat), car il y aurait des candidats, et je souhaiterais en assurer la formation ! L'inspecteur, Monsieur Morin, le proviseur, Monsieur Schilauvsky sont prêts à soutenir cette création de section... et on l’a crée en septembre 1991, mais il m'est absolument indispensable de décrocher l'agrégation pour en assurer le fonctionnement définitif ! Et quand on sait que sur plus d'un millier de postulants, moins d'une petite dizaine est prise, je dois m'accrocher !!!  Mais je suis très motivée ! J'ai un objectif et je veux réussir à le mener à bien ! En 1991, je prépare donc seule l'agrégation. Je suis très battante et convaincue ! Comme d’habitude ! Mes quelques années de recherches en didactique des arts plastiques et ma passion pour l’histoire de l’art me servent beaucoup car toutes ces connaissances sont tellement ancrées que je suis à l’aise, j’ai du recul ! Par ailleurs en pratique artistique (peinture, sculpture, photo…), je suis prête à tout affronter mais je sais aussi qu’il faut avoir de l’endurance, être rapide au niveau de la conception et de l’exécution (les épreuves sont courtes : dix heures en création !) et là, merci au sport qui m’a apporté cet esprit combatif, cette assurance et cette endurance ! Je suis admissible, je vais donc passer les oraux à Paris : les soutenances se déroulent avec beaucoup d'aisance, et lorsqu'une femme du jury me dit vers la fin "J'aimerais bien être votre élève !", c'est pour moi un point très positif, la meilleure des remarques ! Le bilan de cette année 1991-92, c'est que j'ai l'agrégation du premier coup. Quel grand bonheur !


Marie-France Genochio-Steinmetz - 1993

Vous voilà donc prête à construire cette nouvelle section du Bac "Lettres et Arts plastiques" au lycée Schuman...

Par contre même avec l'agrégation, je ne suis toujours pas titulaire du poste. Il faudra attendre 1996 pour que je puisse être titulaire de ce poste à profil. En fait, l'atout qui pouvait faire la différence pour obtenir le poste définitivement, c'était la partie "infographie" qui à l'époque était une matière que peu de professeurs souhaitaient enseigner. De mon côté l'arrivée de l'ordinateur, des logiciels tels Photoshop, Front Page... ont été un plus à mes yeux; j'ai apprécié de suite leurs possibilités, m'y suis intéressée de près, dès 1987. Bien entendu la formation de base que j'avais eue à Roubaix (travail sur des machines, labos photo...) m'a aidée à mieux saisir ces nouveaux outils des nouvelles technologies. Je m'y suis accrochée fermement et avec plaisir ! 

D'où d'ailleurs votre travail à l'IUT de Haguenau parallèlement au lycée...

C'est juste. Moins d'activités comme formatrice à l'extérieur, et j'accepte en janvier 2000 un poste de professeur vacataire en infographie et histoire de l’art à l’IUT de Haguenau, département Service et Réseau de Communication (ouvert un an avant) pour les étudiants en DUT première et deuxième années.
Et depuis 2006, j’ai le grand plaisir d’enseigner l’histoire de l’art contemporain (dont l’art vidéo et des nouvelles technologies) aux étudiants en licence professionnelle TAIS (futurs infographistes et télévidéastes). Pour moi l'IUT à Haguenau a été une belle opportunité, car comme pour toute création, il y a émulation, tout à construire. Avec l'équipe des professeurs très ouverts et les étudiants motivés, nous avons vécu une magnifique dynamique dès le départ. J’aime ces moments forts !  Et nous avons même créé un club vélo pour les temps libres !
On "pédale" régulièrement…

Tout en vivant à fond la section "Lettres et Arts plastiques" au lycée...

Ah oui ! que de moments forts avec mes lycéens ! En dehors des multiples cours théoriques et des réalisations plastiques, je monte tous les ans de nouveaux projets pédagogiques qui permettent à mes élèves de s'ouvrir véritablement à l’art contemporain et à d’autres façons de faire et de penser. J’adapte ces projets selon leurs aspirations et les opportunités qui se présentent ! Ce peut être des travaux d’architecture intérieure comme ce que nous avons fait avec Claude Hemlinger  en 2007 pour donner un autre look au foyer des élèves du LEGT. Mais ce fut aussi, comme les dernières années, la réalisation de masques, accessoires et costumes pour les pièces de théâtre des « Collants noirs » dirigées par mon amie, Christa Wolff, professeur de Lettres et avec notre équipe de collègues-amis : Nicole Fichter, professeur d’allemand, tout comme Aurélien Brotons, professeur de physique-chimie; c'est d'ailleurs avec lui que je consacre des heures à l'atelier photo-infographie pour tous les élèves volontaires du LEGT. Je ne citerai que le dernier projet, sinon ce serait trop long à tout raconter, tant nous avons eu la chance de travailler avec de nombreux artistes hors pair, sans compter ceux que nous avons rencontrés comme Ben, carrément chez lui à Nice ! Donc le dernier projet que nous avons réalisé en 2007 et 2008, l'a été avec une artiste photographe, Geneviève Boutry, et avec les personnes déficientes du Centre de Harthouse. D'où l'exposition de photos "Théâtralisation du corps" à la salle Roger Corbeau puis en avril à la Médiathèque de Haguenau et en juin 2008 à la Mairie de Walbronn en Allemagne dans le cadre de PAMINA (jumelage entre la ville de Haguenau, Landau et Walbronn). On peut voir le synopsis des séances sur le  site de l'Académie de Strasbourg.

Dans ce cadre, mes élèves de Première et de Terminale ont conçu et réalisé leurs propres costumes avec enthousiasme; certaines vont d’ailleurs aller vers des sections de stylisme, car ça a été une véritable révélation pour elles. J’ai la chance d’avoir des élèves formidables avec qui je partage des moments forts et la même passion de l’Art.  Au baccalauréat cette année, encore du 100% de réussite et avec des mentions. Quand je revoie les anciens élèves, le contact est toujours aussi positif et ils me racontent leurs parcours et leurs souvenirs ensoleillés du lycée; souvent je reste bien après la Terminale une personne référente, un repère, une oreille attentive et j'essaye de donner de bons conseils. Je me suis toujours investie à fond, j'aime aussi quand d'autres professeurs fonctionnent selon cette dynamique, car croyez-moi, il y a le plus souvent un retour extraordinaire. Je veux que les élèves comprennent qu'on doit travailler beaucoup pour réussir mais en gardant cette notion de plaisir à le faire. Mon travail d'enseignante doit permettre une formation théorique de base importante mais elle est aussi guidée par une envie de créer sans cesse... Je dois toujours être leur moteur, la stimulatriceToujours de nouvelles idées, être au courant de tout pour leur apporter un maximum.  Allier savoirs et savoir-faire. Trouver les dons cachés des uns et des autres élèves, les aider à trouver les techniques, les traitements et la démarche plastique qui leur correspondent. Le tout en cohérence et adéquation avec leur personnalité et leurs aspirations. Susciter des vocations, encourager, motiver, rassurer, les faire progresser, être là pour eux, c’est bien ma mission de professeur ! Et qu’est-ce que j’aime ce métier !

 

C'est une véritable passion que vous réussissez à partager, un amour du métier, une empathie vis-à-vis des jeunes... 
Parlons maintenant de vos propres "oeuvres", de votre travail personnel en tant qu'artiste.

D'abord, je préfèrerais que nous parlions de "créations", une  œuvre est une création artistique mais qui est reconnue par le public et par les experts. Ce n’est pas le cas pour mes travaux plastiques et dans ce sens je ne suis pas "artiste", ce serait bien prétentieux de ma part ! Je m’adonne à la photo et à la peinture et à beaucoup d’autres champs artistiques (sculpture, land art…) mais j’expose rarement. Mon travail plastique est centré sur la figuration, surtout sur le portrait. L’Homme reste au cœur de mes préoccupations, d’ailleurs on peut dire dans l’Art comme dans la Vie ! J’aime regarder les gens, leur visage, leurs expressions, leurs singularités, scruter leur état psychologique, deviner qui ils sont ! Les personnes âgées ont souvent été mes sujets de prédilection, leurs traits de visage sont plus marqués, on y lit toute une vie ! Durant mes voyages, je fais beaucoup de photos, souvent à l’insu des gens, pour saisir un instant de vie, une intensité expressive, la vérité du réel. Au retour pour m’approprier le personnage, le sentir, rendre les traits les plus justes, je fais des croquis préliminaires avant de passer à la réalisation picturale. Donc vous voyez que ma démarche n’est pas du tout impulsive ou spontanée, ce n’est pas un défoulement non plus ! Une peinture figurative suppose un travail intense, de concentration, de précisions pour atteindre l’expression recherchée. En ce moment, je travaille sur les masaïs de Tanzanie; j’ai pu converser avec certains d'entre eux, les photographier et j’essaie de traduire plastiquement leur dignité, leur grâce, leurs différences, leurs attitudes, toutes ces impressions que j’ai ressenties en les côtoyant… Bien entendu, il y a aussi des tableaux plus personnels où je représente ma fille à divers stades de sa vie. C’est mon modèle préféré, elle est une double création en quelque sorte et le soleil de ma vie !  


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D'autres tableaux se trouvent ailleurs qu'à Haguenau et se rajouteront encore sur une autre page au fil des mois.


Depuis le mois d'avril 2008, vous voilà également adjointe au Maire "Jeunesse et Sports" de Haguenau... Tout en sachant que je souhaite un site ouvert et sans parti pris, un petit commentaire à ce sujet ?

Je ne pensais jamais m’impliquer un jour dans la politique. Mais il est vrai que lors de mon parcours professionnel, j'ai toujours eu de bonnes relations avec la Mairie de Haguenau. Depuis 1992, j’organise presque tous les ans, une manifestation artistique avec le Relais Culturel de la Ville : des expositions d’œuvres du FRAC, d’artistes que j’ai le plaisir d’accueillir dans mes classes et évidemment les expositions des travaux plastiques de mes élèves, parfois des cavalcades avec mes élèves dans les rues de Haguenau lors du festival de l’Humour des Notes. Sans compter ma participation aux spectacles théâtraux des « Collants noirs » au théâtre de notre ville. De ce fait j’ai travaillé avec les élus à la Culture d’abord Gérard Traband puis Claude Sturni ; je connais leurs motivations, leur sérieux et leurs actions, leur état d'esprit et leurs compétences. Quand Claude Sturni m'a invitée à rejoindre sa liste,  j'ai de suite proposé mes services en communication (photos, tracts, site et blog...) J’ai eu la chance de participer activement à cette campagne électorale pour les municipales avec des co-listiers très honnêtes, aux compétences diverses et complémentaires, le tout dans une ambiance chaleureuse et amicale. J’avais très sincèrement envie de me donner à fond pour gagner ensemble ces élections, dans l’intérêt général de notre ville ! Et le 16 mars, grand bonheur ! Claude Sturni est élu, nous avons gagné ! Je pars le soir même avec tous mes lycéens en voyage scolaire à Paris, prévu depuis octobre, même mes élèves sont heureux, pourtant je ne les avais pas informés de mon engagement… Au retour, notre nouveau Maire, Claude Sturni me propose d’être adjointe au maire à la Jeunesse et aux Sports. Surprise ! d’abord adjointe, alors qu’il n’y en a que huit !... à la Jeunesse, c’est clair c’est mon domaine mais… au Sport ? à vrai dire c’est pour ma neutralité par rapport aux cinquante associations sportives de la ville. C'est une lourde tâche supplémentaire qui demande beaucoup de sérieux, d'études de dossiers, de rencontres très régulières, de réunions, de concertations et d'actions... Je prends ce « nouveau métier » très à cœur, avec le désir de faire progresser notre ville, dans un esprit d’équité et de loyauté. J’ai la chance de pouvoir travailler dans une ambiance extra, avec des amis-élus qui sont très compétents et qui s’investissent à fond pour nos concitoyens. 
Au final, je suis une femme comblée !

Je tiens absolument à préciser aux internautes que je te remercie, Lisa, de m'avoir « boostée » pour cette page-portrait  qui m’oblige à remettre de l’ordre dans mon atelier !! Tu es ma voisine, mais tu es devenue au fil du temps mon amie... 

A noter que deux tableaux de Marie-France seront reproduits
 dans le
dixième recueil d'Encres Jetées  (Editrice Sonja Guerrier -disponible en janvier 2009) 

Merci à Marie-France pour son sourire, sa bonne humeur, son accueil, la sincérité dans ses propos. Et son humanisme.


Nouveauté janvier 2009 :

SUPERBE DIAPORAMA D'UN TREK DANS LE DESERT 
par Marie-France Genochio-Steinmetz

ICI

 Aventure plus que dépaysante et humainement très enrichissante...




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Netcomete.com / Septembre  2008

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