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Avril
2007 : Simone publie un récit
qui évoque longuement
Camille Claus et son départ : "Retour
à Bellagio"
(Editions La Nuée Bleue)
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Voici
des phrases qui me viennent spontanément
lorsque je pense à
Camille Claus
J'aimais tout en Camille Claus :
son visage émacié, son regard, son sourire, sa fine silhouette,
son timbre de voix,
toutes les phrases qu'il disait. J'aimais
aussi son écriture. Toute phrase dite ou écrite par Camille était
belle. Elle avait un sens. On oublie souvent que, à côté du
peintre,
il fut un homme d'écriture. Chaque jour, il prenait sa
plume et écrivait des mots profonds sur les instants vécus, des
réflexions sur la vie,
sur une sensation ou un sentiment.
Je savais qu'il aimait les pommes, sous toutes les formes, crues
ou cuites.
Elles ne faisaient pas de mal à son estomac fragilisé
par les années à Tambov.
Comme j'ai un verger avec de vieux
pommiers, j'aimais lui déposer sur le pas de porte un cageot de
pommes en septembre, sans sonner. Parfois j'y ajoutais un pot de
compote de pomme parfumée à la vanille. Il aimait ce geste qu'il
percevait comme un cadeau en prévision de son anniversaire (le
dernier jour de septembre). Peu de jours plus tard, je recevais sa
réponse. Je reconnaissais d'emblée sur l'enveloppe sa belle
calligraphie. Lorsque je la reconnaissais, mon coeur ressentait
une pression de joie. J'ai gardé toutes ses lettres, comme des
cadeaux rares. Il m'arrive de relire ses phrases sereines,
simples
et justes.
Camille me pria un jour de passer chez lui. Il m'offrit un dessin
à l'encre de Chine qui lui fut inspiré par mes pommes. Le
tableau représente trois pommes posées dans une coupe, elle-même
posée sur trois collines de faible déclivité. Une 4e pomme (à
moins que ce ne soit la première) est posée au pied de la coupe.
Derrière elle, jaillit une lumière vive rouge. Au-dessus de la
lumière une main aux doigts effilés se tend comme si elle allait
en saisir une. Camille a écrit le titre suivant sous cette oeuvre
: "l'impossible réel".
Lorsque j'ai appris sa mort, j'étais en route pour les Alpes.
Camille m'a accompagnée pendant toutes mes marches d'altitude. Je
sentais sa présence lénifiante alors que mon regard partait loin
vers les glaciers, vers le bleu du ciel et les nuages moutonnants.
Depuis qu'il est parti, je suis repassée quelquefois devant sa
maison comme
si elle m'aimantait. Le lilas est à la même place.
Le forsythia n'est en rien altéré.
L' arbre à papillons fleurit
comme si de rien n'était.
Et pourtant il n'est plus là.
Et pourtant il est présent en moi si fort comme s'il
resplendissait de vie.
Je lui dis : "Merci Camille d'avoir été ce que vous fûtes.
Merci d'avoir été cet exemple de vie".
3e trimestre 2005
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Maria -2013
(Photo prise par son petit-fils, Vincent FROEHLICHER - ADIRA)
Sa fille Marcelle et son gendre Raymond FROEHLICHER
habitent à
Saâles
et restent très présents à ses côtés.
Le témoignage-hommage
ci-contre est né
d'un questionnaire que j'avais proposé.
Il est la synthèse que j'ai réalisée à partir
des diverses réponses
dont Marcelle Froehlicher a pris note.
D'ailleurs, elle nous précise qu'en écoutant
sa mère à propos de Camille Claus,
elle a senti un élan de grande sympathie
fondé sur l'admiration
et des échanges profonds sur le vécu de
chacun :
une vraie communion entre deux êtres.
Raymond Froehlicher a scanné de belles lettres
dont voici quelques courts extraits
publiables sur internet :
Extrait
d'une lettre de Camille Claus
(datant du 22 septembre 2004)
Extrait
d'une lettre de Camille Claus
(datant du 30 mars 2005)
Extrait
d'une lettre de Camille Claus
(datant du 16 avril 2005)
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Mon mari, Alexandre
BERNARD est décédé en 1993.Quelques années auparavant,
alors qu'il était retraité, il avait eu l'opportunité d'assurer la
surveillance d'une exposition
de
Camille Claus; Il avait été très impressionné par ses peintures, il me les
a évoquées avec enthousiasme; c'est à ce moment que j'ai entendu
parler
pour la première fois des oeuvres de Camille.
Cependant mes premiers vrais contacts avec le peintre se sont faits
plus tard, en 1998,
grâce à Rosario, ma femme de ménage, qui travaillait également
chez Camille.
Elle me parlait de lui en me disant qu'il était âgé,
seul, pessimiste et pas très heureux.
Cela me touchait et me ramenait aux propos admiratifs de mon mari
pour le travail de l'artiste.
Je pris alors la décision de confectionner régulièrement des gâteaux
que je lui faisais
porter par Rosario qui se chargeait aussi de le saluer de ma part.
C'est ainsi que Camille eut l'occasion de me remercier en m'envoyant une carte
de temps en temps, me donnant des nouvelles de son travail, puis
il me fit part de croquis et de textes personnels; et par la suite,
il m'offrit même des livres.
Je répondais à mon tour pour le remercier et converser par
écrit.
Ces échanges épistolaires nous convenaient, venaient du coeur
et ont duré sept ans, jusqu'à son départ en
2005.
Nous ne
nous téléphonions pas, nous ne nous invitions pas chez l'un ou
l'autre;
par contre, nous avons eu l'occasion de discuter un peu en direct
lors d'expositions
à l'Eglise Sainte-Foy de Sélestat, à la librairie Kléber de
Strasbourg
ou encore dans la chapelle des Annonciades à Haguenau...
Dès mon premier contact, j'ai éprouvé une grande admiration.
J'ai été impressionnée par sa passion. C'était un grand
esprit !
Je ne connaissais pas tous ses nombreux tableaux
mais ceux que je voyais dans les expositions,
dans ses livres ou ceux qu'il me faisait découvrir par le biais des photos qu'il m'envoyait.
J'aimais beaucoup sa délicatesse et le côté ascétique voire
mystique
de ses dernières créations.
Bien entendu je prenais aussi plaisir à lire ses articles, ses livres.
Pour
revenir à nos écrits mutuels, nous échangions sur tout,
ouvertement, comme des amis,
mais nos sujets de prédilection étaient l'art, la
littérature,
la religion,
nos familles respectives tout comme la
maladie.
Tous ses mots me semblaient inspirés mais pas toujours très
optimistes..
J'essayais alors de l'amuser et de lui donner du
courage, de le raisonner...
Il m'a vraiment apporté beaucoup d'amitié. Il se confiait beaucoup.
et je pouvais le comprendre comme nous étions
dans la même tranche d'âge, de la même génération
et que j'avais une sensibilité artistique, un attrait pour l'art;
même si mon sens artistique n'était de loin pas au même niveau que le sien !
De mon côté, je pense lui avoir prêté une oreille attentive et
désintéressée,
mais surtout apporté de l'optimisme, de la confiance en la
vie, du soutien moral.
Ses confidences sur la vie étaient émouvantes.
Et ce buisson qu'il entretenait et sous lequel
reposaient
les cendres de son épouse Angèle me reste gravé dans les
souvenirs puissants.
Ce qui m'a beaucoup touchée aussi, c'est qu'il a intitulé l'un des ses tableaux
"Je vous salue Marie"... en me précisant que c'était à mon intention.
A un
moment, j'ai parlé de l'histoire du chat à Camille.
Une anecdote que
je reprends dans mon fascicule (''Dans mes souvenirs") :
alors que nous étions expulsés d'Alsace pendant la guerre, nous nous
sommes retrouvés à Lunéville... Notre voisin notaire avait un très gros chat
que nous avons mangé lors des famines de 1944.!
Camille m'a répondu qu'il avait aussi mangé du chat à Tambow,
mais qu'il n'était pas aussi gros que le nôtre !
Il savait parfois rajouter une dose d'humour (noir) aux faits terribles.
Autre
détail qui me fait sourire :
après une exposition que j'ai visitée sans avoir pu le saluer
(en fait, je l'avoue, je me sentais quand même intimidée en sa
présence), il m'a
écrit :
:"Je croyais avoir vu un ange, mais il est parti tout de suite
!"
Il m'est aussi arrivé d'envoyer des dessins personnels
ou des compositions à Camille... En récompense, cette remarque :
" Si vous passiez l'examen pour entrer à l'école des Beaux Arts,
vous seriez sûrement reçue !"
Il savait
être drôle et encourageant à son tour !.
Cependant
son départ n'a pas été une surprise.
Je ne voulais pas y croire bien
entendu,
même si je redoutais sa fin tragique. J'ai été très peinée.
Sa tristesse, son obsession me semblent être dues à son séjour à Tambow
où il a subi des blessures insurmontables.1
SI je
devais qualifier Camille en quelques mots, ce serait :
peintre extraordinaire, émouvant, écrivain, poète... et
Tambow.
Bien
entendu, je garde près de moi des dessins et des textes 2
que j'affectionne tout particulièrement.
Si je
pouvais encore lui dire une chose que je ne lui ai jamais avouée :
c'est qu'il a été un véritable ami pour moi...
Décembre 2013
1 - Voir à
ce propos la rubrique livres
de ce site,
en particulier le roman d'Alfred Kern : "Le bonheur
fragile"
qui a obtenu le prix Renaudot en
1960
et qui évoque les difficultés de Camille Claus à son retour de
camp. 2-
Maria précise qu'elle avait prêté certains des originaux à une dame qui lui
rendait souvent visite; cette dernière lui a rendu des photocopies. Cette
personne a été atteinte de la maladie d'Alzheimer et son fils n'a
trouvé aucune trace des lettres !
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Je suis heureux de voir que l’on ait pensé à faire un site sur Camille Claus, un homme dont la philosophie de vie devrait imprégner chaque être sur
terre.
J'ai eu la chance et l'honneur avec mon épouse Audrey de pouvoir connaître cet
homme, dans un lieu ou pourtant personne n'aurait pu le prévoir;
le hasard, le destin peut-être... Mais, me direz-vous, c'est normal de rencontrer Camille devant des tableaux de Kandinsky, oui, mais au beau milieu d'une clinique ? En effet, j’ai partagé la même chambre à la clinique de
l'Orangerie. Camille y venait pour se faire opérer de la cataracte et moi de deux morceaux de verre
logés dans mon pied.
Vous me direz : " bon pied, bon œil ", eh bien oui car nos opérations respectives se sont bien passées. Cette rencontre restera gravée pour toujours dans ma mémoire
!
Ma femme et moi avions l'âge d'être ses petits-enfants et lors de notre rencontre avec Camille, nous ne savions pas que
nous étions avec une Personnalité.
Les moments passés avec lui à la clinique ont été très intenses par la sagesse de ses mots et de ce qu'il dégageait. On avait l'impression d'être dans un autre Monde face à Camille, on avalait ses paroles pleines de bon sens sur la vie, se disant que le temps ne serait pas assez long pour
apprendre...
Etant opéré du pied il me fallait des béquilles et Camille s'est proposé
de suite de me prêter les béquilles de sa petite fille ! C’est ainsi que l'on a pu encore vivre quelques
instants avec Camille tout en ne sachant pas qui il était vraiment.
Ce n'est qu'en revenant chez ma belle-mère que ma femme Audrey et moi lui racontons notre belle rencontre en lui annonçant que ce monsieur s'appelait Camille Claus.
Quelle ne fut pas notre grande surprise quand elle nous apprit que c'était l'un des plus grands peintres d'Alsace ! Nous étions bouche bée, comme des personnes sans culture, mettant cela sur le compte de notre" jeunesse".
C'est comme cela que nous avons connu Camille Claus. Par la suite nous sommes restés en contact, un peu grâce aux béquilles
!
Mais nous sommes surtout allés à plusieurs de ses expositions, nous permettant d'approcher cet être exceptionnel et ainsi de le connaître un peu mieux par ses œuvres, car les moments passés avec lui sont
inoubliables. Il est même venu manger à la maison ; alors qu'il disait qu’il n’aimait pas trop les endives, il a beaucoup apprécié ma recette à base de ce légume, ou alors il a été très poli !
Aujourd'hui nous ne sommes plus sur Strasbourg, nous habitons dans le Nord mais nous pensons souvent à
Camille, c’était un peu comme un grand-parent. Même s'il n’est plus présent physiquement il le restera à jamais dans notre cœur car il était comme une personne de notre
famille; ce grand philosophe avec son regard nous a apporté de la sagesse dans notre
vie.
Aujourd’hui, Audrey et moi, avons deux petits garçons dont l’un porte
comme 2e prénom : Camille.
Septembre 2016
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Samedi,
1er octobre... pour un week-end de retour au pays. Comme d'habitude
j'achète
les DNA et le Républicain Lorrain pour avoir des
nouvelles du pays !
"Hommage
à Camille Claus qui n'est plus parmi nous depuis cet été..."
Vite,
il fallait que je rouvre son livre ''Eau" et sa dédicace pour
pouvoir retrouver
son écriture. Au-delà de tout ce que l'on peut
peindre sous de multiples formes, je trouve que l'essentiel de l'être
reste dans l'écriture et bien entendu aussi dans les dessins.
Il y
a bien longtemps il m'avait fait l'honneur de me conseiller, de
m'accompagner
lors de l'accrochage de mon exposition à la maison
d'art alsacienne (l'AIDA)
avec cette présence
bienveillante si légère qui lui était si particulière.
D'un
commun accord, dans un grand éclat de rire nous avions accroché
trois tableaux un peu en biais, comme si une légère brise passait, et un
petit quatrième tout droit
pour terminer par une révérence, point
final !
Décembre 2005
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