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Je vois Eric tous les jours !
Si, si, quand je suis assis au bureau, il est toujours en face de moi… sur cette photo !
© A.Willaume / Tendance Floue pour Radio France Alsace
Fameuse photo intitulée « Echecs et matchs » et issue d’un calendrier datant de 1986 sur lequel était
évoqué notre « Magazine des sports » qui passait tous les dimanches de 19 h à 20 h sur Radio France Alsace !
Ce cliché ne me quitte pas. Il avait été pris par le grand photographe Alain Willaume, un soir de match au Racing Club de Strasbourg, juste avant l’échauffement des joueurs.
On y ressent notre complicité. Et quand je la regarde, je pense à ces moments partagés que ce soit à la radio, à la télévision ou lors des missions-reportages à l’extérieur…
Nous avons passé tant d’heures ensemble !
Eric travaillait déjà la radio et à la télévision lorsque j’y suis entré.
Je savais déjà, à travers ses interventions à l’antenne, que c’était un être passionné.
Eric avait débuté la télévision grâce à Jean-Jacques
SCHAETTEL. C’est là qu’il a croisé le journaliste Christian DANIEL qui lui a demandé d’essayer quelques retransmissions sportives à la
radio (qui se trouvait alors dans le même bâtiment). Christian, convaincu par les capacités d’Eric, lui a alors proposé de poursuivre cette aventure à ses côtés. Il cherchait encore un autre pigiste. Et ce 3e larron, c’était moi ! J’arrive donc en 1980 !
Eric a très vite apprécié mon dynamisme et ma réactivité ; il avait besoin d’être entouré de personnes qui sachent partager son entrain, sa vitalité... J’en étais bien heureux !
Lorsqu’en 1983, j’ai postulé pour devenir journaliste statutaire à la radio, j’ai dû renoncer à la partie télévisuelle, alors qu’Eric est resté pigiste et à la radio et à la télé.
Tous deux assurions l’animation de l’émission sportive dominicale retransmise en direct à la radio. Nous avions pour habitude de donner tous les résultats de tous les matchs de football de toutes les divisions (ligue 1, CFA, division d’honneur…) de toute l’Alsace ! Ces récitations qui pouvaient ressembler à des litanies étaient entrecoupées de commentaires, de reportages, de jeux, d’interviews, de musique…
C’était une émission très très suivie par tous les adeptes de football ! Vous imaginez ce que cela représentait en nombre d’auditeurs !
Pas d’internet, de ce fait les responsables ou délégués des clubs de tous les coins et recoins de la région téléphonaient dès la fin des matchs pour
nous communiquer les résultats. Marie-Christine en prenait note avec grande patience !
Ce qui était louable et enthousiasmant, c’est que nous ne mettions pas seulement les clubs de ligue 1 en exergue. Nous pouvions d’ailleurs interviewer des joueurs ou entraîneurs tout à fait inconnus du grand public. A ce sujet, je me souviens d’un petit village du Sundgau dont le petit club de foot enchaînait défaite sur défaite tout au long de la saison. Le jour où l’équipe a réussi, non pas à gagner, mais à faire match nul, ça a été la fête ! Nous
avons appelé l’entraîneur pour un passage à l’antenne. Il était en larmes, doublement ému de ce dimanche ! Cela nous procurait un bonheur immense de pouvoir vivre des moments simples et forts, proches des gens.
Durant l’émission, j’étais épaté par la mémoire encyclopédique d’Eric, au niveau football en particulier… Je ne connais que deux personnes qui ont cette qualité : lui et Jean-Pierre MEYER des DNA.
Cet atout indéniable m’a donné envie de peaufiner également mes capacités mnémotechniques ; du coup, le virus m’a frappé…
mais dans le domaine du Tour de France où je deviens progressivement incollable !
Ce qui était amusant, c’était qu’à la radio c’était moi l’animateur officiel et lui l’intervenant extérieur ; alors qu’à la télé c’était le contraire. Je dis officiellement, car en fait nous animions de façon égale et unie !
A vrai dire, pendant quelques années, entre le vendredi soir et le lundi soir, Eric et moi nous ne nous quittions plus ; émissions, interviews, reportages, montages…
Les personnes qui travaillent le samedi-dimanche forment des équipes très soudées ; en tout cas, la nôtre le fut, techniciens y compris. Nous avions une excellente ambiance générale ; et Eric ne se prenait surtout pas pour une vedette, moi non plus !
Parfois, pour nous détendre, nous entamions des parties de tarot avec les personnes qui nous entouraient… De temps à autre, Eric nous laissait pour une courte sieste roborative sur le canapé. D’ailleurs, je me dis qu’il nous a quittés un peu de cette manière, sur le canapé… mais sans plus plus jamais se réveiller…
Pour moi il est encore bien vivant dans mes souvenirs !
Nous nous déplacions souvent, allions par exemple au Stade de l’Ill suivre le FC Mulhouse qui était alors remonté en division 1 entre 1981 et 1982, sous la houlette de Jean-Marc GUILLOU. Quelle ambiance ! Les spectateurs étaient nombreux et ravis ! Lorsque nous arrivions avec la voiture immatriculée 67, ils nous surnommaient les « Päxer », par aimable boutade; car Eric était apprécié et moi je suis haut-rhinois d’origine, né dans les mines de Potasse !
Entre 1984 et 1988, c’est Raymond DOMENECH qui entraînait les joueurs du FCM. Il nous invitait parfois chez lui à la maison. J’aimais son goût pour le théâtre. Eric était son ami et j’ai compris très vite qu’ils partageaient le côté intellectuel du football ; pour jauger un joueur ou une équipe, ils ne prenaient pas que la qualité physique en compte…
Ils aimaient aussi partager des moments de jeux (casino…) mais avec prudence et dans une limite fort raisonnable.
Toujours à Mulhouse, Eric et moi avons « couvert » l’éclosion du basket de haut niveau. A l’époque nous révélions Jean-Luc et Christian
MONSCHAU, joueurs devenus des entraîneurs hors pair ! Deux frères dont les performances d’entraîneurs en Pro A en parallèle sont uniques !
Pour revenir au studio de la radio, c’est Patricia WELLER, alors toute jeune assistante de production, qui devait mettre les disques sur la platine derrière la
vitre de séparation. Nous avions tendance, elle et moi, à faire les pitres ; elle avait déjà un talent certain pour la comédie !
Eric gardait une certaine retenue mais nous regardait avec bienveillance ! Et il m’a d’ailleurs toujours encouragé dans mes initiatives de spectacles. Il est venu me voir à l’Ange d’Or. Je pense tout particulièrement lors de la représentation de la pièce « Hôpital, silence ! » écrite par Christian DANIEL et que j’ai mise en scène,
tout en proposant à notre collègue Patricia WELLER un rôle de fille de salle à l’accent très régional. Rôle qu’elle a assumé avec brio durant les 300 représentations et qui lui a peut-être donné envie de se révéler en
la fameuse Marlyse RIEGENSTIEHL ! En tout cas, un beau parcours pour elle
aussi ; je pense notamment à la Revue Scoute, aux pièces jouées avec son compère Denis GERMAIN.
Eric appréciait notre côté "artiste".
Ce qui est amusant, c’est qu’Eric était joueur de handball et moi aussi durant 35 ans (dont une partie au SEC devenu SUC). Mais, comme nous avions quelques années d’écart, nous n’avons pas eu l’occasion de jouer ensemble en tant qu’étudiants ; par contre après oui,
lors de deux matchs amicaux : Café-Théâtre l’Ange d’Or de la Krutenau contre la discothèque
Le Silex de Cronenbourg ! Dans les mêmes années, début 80, nous avons aussi échangé des balles au tennis, essentiellement à l’Ill-TC, parfois contre Robert GROSSMANN ! Et lors de compétitions amicales comme celle du Club de la Presse.
Eric restait en dehors des préoccupations politiques. Il privilégiait le sport. Et dans l’affaire BORD-GRESS, par exemple, il ne voulait pas prendre parti !
Eric était un journaliste très populaire dans la station. Il était apprécié pour ses compétences et son bon caractère. Il s’imposait naturellement autant par sa stature que par sa lucidité, son regard pertinent sur le monde. A un moment il a même postulé comme Directeur d’Antenne ; tous ceux qui l’appréciaient l’ont
soutenu et il s’en est fallu de peu pour qu’il le devienne. C’eût été un poste intéressant, mais d’un autre côté il n’aurait peut-être plus vécu ces moments intenses de plateaux et de tournages qui lui plaisaient tant !
Ce qui l’agaçait parfois, c’est que certains pouvaient lui reprocher le fait qu’il ne soit que pigiste, qu’il n’ait pas sa carte de Presse officielle. Il aurait pu franchir le pas, en quittant l’Education Nationale, mais il ne l’a jamais fait ; il a encore exercé comme professeur puis a été détaché et a réalisé des émissions (dont
Ecoles) sous la houlette du Rectorat. L’éducation, les initiatives pédagogiques : un domaine qu’il aimait aussi énormément. En contrepartie, pas de statut officiel de Journaliste ; et de ce fait, il a subi certaines colères dont une mémorable lors d’une retransmission de Division 1 au niveau radiophonique national. Alors que la compétence était toujours au RV !
Mais quelle belle époque malgré tout !
Et cela ne l’a pas empêché de créer l’émission Sportshow, dès 1991 ! Le directeur Jean-Louis ENGLISH pouvait s’en féliciter ! On se souvient de la grande première mensuelle dans
l’Auditorium de France 3 avec Gilbert GRESS ! Progressivement, l’émission est devenue hebdomadaire. Elle touchait tous les sports et était suivie avec toujours autant d’intérêt. De mon côté, j’avais quitté la radio en 1987 et
dirigeais ma société de communication événementielle Acte5. Cela ne m’empêchait pas de le suivre encore de près !
S’il venait vers moi maintenant, je lui tomberais littéralement dans les bras, c’est certain !
Je pense qu’il continuerait à privilégier le sport dans toute sa diversité, tout en restant très lucide sur les travers du dopage ou de l’argent-roi.
ITV -
Mars
2013
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